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Les souffleurs de vers
21 septembre 2008

Sophie

Chaque matin, j'attends impatiemment la sonnerie qui annonce son arrivée. Parfois à 8h, parfois à 9. Je la vois arriver avec son grand sourire, et sa joie de vivre habituelle. Tout de suite, ma journée s'illumine. C'est comme ça, j'aime quand elle se blottie contre moi, j'aime quand, sans faire exprès, elle s'endort collée à moi. Je l'écoute respirer, la regarde rêver et suis avec malice le mouvement de son visage, des paupières aux lèvres. Son sourire reste intact, jamais il ne quitte sa place. Cela veut dire qu'elle est bien, et c'est ce qui m'importe.

Cela peut paraitre bizarre que je passe du temps à l'observer ainsi, mais bon, j'y peut rien, cette fille m'ensorcèle. Dire que l'année dernière, c'était cette peste de Jennifer qui me collait, toujours à me mettre des petits coups, à me porter de l'attention seulement lorsqu'elle avait besoin de moi. Je me rappelle même qu’une fois, elle a commencé à me tatouer juste pour rire.

Sophie, c’est différent, ça doit être la fille la plus calme et la plus douce de la classe, elle s’est placée tout naturellement à coté de moi le jour de la rentrée. J’ai entendu dire qu’elle venait d’emménager dans le quartier suite au divorce de ses parents, mais elle ne m’en a jamais parlé. Sans doute veut elle garder ça pour elle. Je la comprends, c’est sans doute pas le genre de chose dont on veut parler, surtout quand c’est encore tout frais. Quand je dis que c’est tout le contraire de Jenny cette fille ! Elle aussi était seule avec sa mère, mais elle l’a crié sur tous les toits, c’était plus un moyen d’épater la galerie. J’ai jamais trop compris pourquoi.

Donc pour revenir a Sophie, à son arrivée elle m’a tout de suite plut. Sa façon de placer délicatement ses affaires sur le bureau, son silence et sa discrétion qui la font oublier. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle dort si souvent en cours.

L’autre détail qui m’a plut chez elle, c’est qu’a l’inverse de Jennifer, elle n’est pas devenue distante avec le temps, je trouve même qu’elle s’est rapprochée de moi.

J’attends patiemment qu’elle se mette à se confier, à me dire tout ce qu’elle a sur le cœur, mais j’en doute. Non pas parce qu’elle n’a pas confiance en moi. Elle sait bien que je ne suis pas du genre à en parler autour de moi, mais simplement parce que je ne suis qu’un radiateur. Un simple radiateur placé au fond de la salle. Mais qui a dit qu’un radiateur n’avait pas de sensations et que la douceur d’une personne ne lui faisait ni chaud ni froid ?

Je sais qu’à la fin de l’année elle va devoir me quitter, mais j’en garderai toujours une trace, car, elle aussi, elle se permit de me tatouer le corps, mais ce fut pour y faire cœur…qui n’attend que de battre.

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